Voilà, Köbi Kluhn a tranché. Comme attendu, il a viré un défenseur central, en la personne de Mario Eggimann, et a préféré Benjamin Huggel à Thomas Häberli. Ouais, entre la peste et le choléra... Enfin bref, là n'est pas la question. Pour une fois que le Papy prend une décision de lui-même (du moins je crois) et fait quelque chose, on ne va pas critiquer.
Voici maintenant le portrait de nos 23 vedettes qui devront, faut-il le rappeler, gagner l'Euro 2008 pour atteindre l'objectif fixé par Köbi Kluhn quelques minutes après le splendide Suisse-Ukraine à la Coupe du Monde 2006.
Gardiens (3)
DIEGO BENAGLIO. Sans aucun doute le meilleur gardien du pays, après Sébastien Roth bien entendu. Il faut espérer que le portier de Wolsfburg soit en forme, car je lui prédis pas mal de boulot.
ELDIN JAKUPOVIC. Franchement, on s'en fout du numéro 3.
PASCAL ZUBERBÜHLER. Notre Zubi national pourrait cependant bien céder sa place de numéro 2 à son jeune coéquipier des Grasshoppers si une promotion lui était proposée au Media Markt de Frauenfeld. «Tu te rends compte ? Chef du rayon brosses à dents électriques ! Bien sûr que j'ai accepté. Parce que je ne suis pas fou.»
Défenseurs (
PHILIPP DEGEN. Le Prix Nobel de Liverpool - que les Reds sont tombés bas - est toujours en délicatesse. Avec un peu de chance, il ne pourra pas jouer. Ne sait-on jamais. Sa force est son insouciance ainsi que sa vitesse. Son point faible demeure une totale indiscipline tactique. Par ailleurs, ses débordements sont rarement décisifs, car les centres ne sont pas non plus le fort du plus intelligent des deux jumeaux.
JOHAN DJOUROU. «Arsène compte sur moi» a pris de bonnes résolutions pour cet Euro. Il veut se concentrer entièrement sur l'équipe de Suisse et oublier un peu Arsenal. Ainsi, il a décidé de changer de nom. Désormais, il faut l'appeler «Köbi compte sur moi». Ça tombe assez bien, puisqu'il occupera le même poste avec la Nati qu'avec les Gunners.
STEPHANE GRICHTING. «L'Eunuque d'Istanbul» voit ainsi ses efforts récompensés. Après avoir laissé un testicule sur les rives du Bosphore, le Valaisan se voit récompensé pour sa dévotion. Solide dans les duels. Un bon soldat.
STEFAN LICHTSTEINER. Certainement le meilleur latéral droit de la Nati. Malheureusement, à Lille, il joue demi voire ailier. C'est vous dire si on est mal. Bon, malgré quelques ratés, la tête de Turc de Puel peut se montrer solide.
LUDOVIC MAGNIN. En tout cas plus que Riquet la Houppe. Défensivement, le vice-capitaine de la Suisse est souvent dangereux. Ce ne sont pas ses prestations avec Stuttgart qui prouveront le contraire. Mais lui, au moins, peut apporter quelque chose offensivement. Par ses centres, par ses coups francs, par chance, etc.
PATRICK MÜLLER. Le tôlier. Même sur une jambe déjà rongée à moitié par la gangrène, il est essentiel dans le système du Papy. On l'a vu contre la Slovaquie, tout le monde se sent plus en sécurité quand le Genevois est sur le terrain. Ce qui nous promet environ 24 minutes de sérénité durant l'Euro.
PHILIPPE SENDEROS. Koubiak, une mule, une charrue, un stopper à l'ancienne. Les pieds carrés, le front et les arcades proéminents, le parfait destructeur d'avant-centres. A moins que ceux-ci ne soient rapides. Car le Genevois n'est pas une flèche. Mais bon, rien de grave, il y a toujours la pointe de vitesse de Müller pour corriger le tir.
CHRISTOPH SPYCHER. Le travailleur de l'ombre. Sans génie, sans éclat. Juste solide et sérieux. Fiable. On ne s'en plaindra pas, c'est pas comme si on en avait des dizaines de joueurs comme lui.
Demis
TRANQUILLO BARNETTA. Le Javier Saviola suisse. Doué techniquement, on a presque envie de lui dire : «Très bien, mais reviens dans 20 kilos !» On ne va cracher dans la soupe. «Quillo» est un des seuls joueurs qui peut apporter régulièrement - et pas que sur des malentendus - le danger devant les buts adverses. Mais le souci est que les défenses de l'Euro sont quand même un peu plus solides que celles de Bundesliga.
VALON BEHRAMI. Le meilleur. Une santé fragile, une coupe de cheveux pas toujours très heureuse, une attitude de star désabusée et hautaine. D'accord, mais tant pis. Rapide, puissant, habitué du haut niveau, le Tessinois est certainement le joueur qui posera le plus de problèmes aux adversaires de la Nati. A moins que sa cheville, ou ses adducteurs, ou peut-être son genou, sans oublier son dos...
RICARDO CABANAS. Le chouchou du prof. Bon, l'importance de Ricci dans la vie du groupe fait de lui un rouage essentiel de l'équipe. Tant qu'il ne joue pas trop, ça va. Et s'il faut quelqu'un pour dépanner, la Sauterelle a l'expérience et la technique nécessaires pour faire face.
GELSON FERNANDES. Précieux à la récupération, plutôt propre à la relance et doté d'une condition physique ainsi que d'une volonté hors du commun, le demi de Manchester City sera un des meilleurs Suisses à l'Euro. Parfois encore trop inconstant, son année sous les ordres de Sven Göran Eriksson lui a fait le plus grand bien.
DANIEL GYGAX. L'autre chouchou du prof. Franchement, je n'aime pas Magyx. Mais la Suisse a-t-elle mieux à proposer dans le couloir ? Je ne crois pas. Peut-être Reto Ziegler, mais son temps de jeu à la Samp a été trop insuffisant. Alors espérons que le toucher de balle du magicien fasse merveille. Non, je sais, là je déconne.
BENJAMIN HUGGEL. Bon, le Papy n'a pas tenu compte de ma demande d'intégrer un critère esthétique dans ses paramètres pour désigner la liste des 23. Ben oui, ces mecs vont nous représenter quand même ! Sinon, les points faibles de Huggel sont : lenteur, balourdise, sens tactique limité, incapacité technique. Ses points forts ? Attendez, je cherche..................... Ah oui, son gabarit, sa puissance et le fait qu'il peut faire peur à l'adversaire.
GÖKHAN INLER. Le patron de l'entrejeu. Quatorze poumons, six coeurs, deux cerveaux et des quadriceps dix-sept fois plus développés que la normale, le demi de l'Udinese va faire très mal - au sens propre - aux meneurs de jeu adverse. Et comme il s'entend à la perfection avec Gelson, on peut se dire que l'axe du milieu de terrain sera le meilleur secteur de la Nati. Seul bémol : le manque de métier des deux ratisseurs en chef, et ce malgré leurs saisons en Italie et en Angleterre.
JOHAN VONLANTHEN. Une sorte de Gygax bis, en plus talentueux. Mais il est trop difficile de faire la différence dans le football moderne quand on pèse 38 kilos. Soit il faut avoir un don du ciel - ce que Vonlanthen n'a pas - soit il faut faire preuve d'une intelligence extrême. Et vous savez quoi, je ne suis pas sûr que le demi de Salzbourg en soit capable. Ses points forts : explosivité et sens du dribble.
HAKAN YAKIN. Presque aussi mobile que Köbi Kluhn deux jours après son opération de la hanche, Hakan Yakin ne fait plus le poids sur la scène internationale. Son coup d'oeil souffre de la cataracte, son coup de reins d'une hernie lombaire. Mais ses balles arrêtées peuvent faire mal. Un bon joker à faire entrer dans la derrière demi-heure. De toutes façons, il ne tient pas plus longtemps.
Attaquants (4)
EREN DERDIYOK. Le futur Ballon d'Or, joueur FIFA de l'année et meilleur avant-centre de l'histoire du football après Julian Esteban ne devrait logiquement n'être que le numéro 3 en attaque, derrière Frei et Breller, oh pardon, mon doigt à glisser, Streller. Solide, bon dans les airs, capable de garder le ballon sous la pression. Son problème est qu'il peine à bien terminer ses matches, manquant encore de régularité.
ALEXANDER FREI. Ben c'est simple. Le sauveur. S'il marque, on n'aura pas l'air trop con. Sinon... Après de longs mois de blessure et un retour poussif, le buteur de Dortmund semble retrouver non seulement ses sensations, mais aussi et surtout son sens du but. Enfin une bonne nouvelle.
MARCO STRELLER. Souvent décrié, le Bâlois a toujours su rebondir. Régulièrement décisif avec la Suisse, la grande pive sera le soutien numéro 1 de Frei en pointe. Un joueur très atypique, ce Brell... oh, décidément, ce Streller. Grand mais nul de la tête, ne sachant pas contrôler un ballon mais pouvant éliminer trois joueurs dans un mouchoir de poche. Comme il n'est jamais aussi fort que sous les quolibets, je vous en conjure, insultez-le pendant tout le mois de juin.